Geneviève Guhl, metteur en scène et comédienne.
Née à Lausanne le 9 octobre 1964, d'origine valaisanne, elle vit actuellement à Genève.
Aperçu de ces 3 dernières années
2011 au hasard des rues, et ensemble nous écoutons nos pas résonner dans le vide qui est déjà là version "présences sonores" de ça dépend du temps qu'il fera un portrait intime de la vie sur terre".
2010 août, participe à l'atelier Hubert Selby au Théâtre Océan Nord à Bruxelles sous la direction de Isabelle Pousseur. Le travail porte sur Coda, le dernier chapitre de Last exit to Brooklyn.
2009 travaille en France sur la maquette Hamlet-Affirmation d'après Hamlet de Shakespeare, Compagnie de la Yole, mise en scène Pascale Oyer. Rôle du Roi Claudius et du Spectre. Création prévue début 2011.
2008-2009 ça dépend du temps qu'il fera, un portrait intime de la vie sur terre création, fresque théâtrale septembre octobre au théâtre Interface à Sion et octobre novembre au théâtre du Grütli à Genève, soutenu par théâtrePro-VS, reprise en automne 2009 en Suisse et en France.
Et si nous valsions encore, avant de mourir ?
« Si les fleuves remontaient leur cours, de la bouche de la mer jusqu'au silence du glacier où se perd leur origine, les ascenseurs à poissons n'existeraient pas.
Si l'ampoule de la servante, sur la scène à l'instant vide d'un théâtre déserté, ne diffusait plus sa lumière perpétuelle, qu'en serait-il du mouvement que rien ne tarit, dit-on, que nous cherchons tous?
Si les legos de l'enfance, les puzzles, les dominos, les mosaïques, les Tetris ou autres vitraux, avait bel et bien fini d'enfin s'assembler, l'opus incertum n'aurait pas été construit, ni le romain, encore moins le contemporain.
Si tous les matins du monde une fois cessaient d'être sans retour, la vie perdrait sa beauté, infernale, miraculeuse.
Si la vie courante coulait notre barque, plus d'obstination à recréer des images, des planches présentes, des marches sur l'eau, étanches, ici et maintenant, afin de toucher la rive, plus cette soif irrépressible de meubler le trou laissé, finies donc les boucles qu'il y a à boucler.
Si la mort, à chaque seconde, n'était pas plus proche de nous que notre paupière, à quoi bon encore s'évertuer, mon cher ami Jacques, à relire ton inventaire, ton cancre ou ton Alicante? A quoi bon encore dresser des listes, frayer des chemins, ériger des tours, faire se relever les corps, résonner les voix de ceux, qui peut-être ne sont plus, nos colocataires?
Si l'homme parvenait vraiment à se souvenir, quel profit, quelle vénalité dans l'entêtement à retracer le palmarès de nos désirs, de nos peurs?
La carte, par le menu, de notre terre transitoire?
Le tableau de nos émerveillements, nos aigreurs?
Le répertoire d'une géographie intérieure?
Des listes...
... de sons agréables...
... de choses qu'on aime toucher...
... d'odeurs qu'on ne peut plus à présent sentir...
...
de choses que l'on aime chez lui, chez elle...
... des rues qui comptèrent...
...
des choses que l'on ne fera jamais...
... de métiers à inventer...
... de ceci et de cela...
... encore de ceux-là...
Nous flottons entre le brut et le stylisé, le sauvage, le civilisé. Ci-gît leur frontière. Le désir d'étreindre, par le minimal, la totalité d'une présence. Désir qui sait sa défaite, et pourtant avance, dans sa robe parée de déchirures, de blancs, de silences, de jours, d'interstices.
Lacunes que le jeu sur scène vient habiter et meubler, comme le vent et le soleil, la chambre d'enfant.
Si la cruauté était absente, quelle nécessité de tendresse?
Si pas de sanglots, pourquoi des sourires?
Si pas de sourires, pourquoi des sanglots? »
Virgile Elias Gehrig, 2011