⚠ CE SITE EST UNE ARCHIVE DU SITE DU PETITHÉÂTRE DE SION (2005-2015) ⚠
En 2021, le Petithéâtre de Sion est devenu le Spot. Infos et actualité sur www.spot-sion.ch.
   
   
 
 
 
spectacle précédent spectacle suivant

Un après-midi au zoo
par la compagnie Post Tenebras Lux

LES 21, 22 ET 23 MARS 2013 | jeudi à 19h, vendredi à 20h30, samedi à 19h

Distribution

création collective
concept : Cédric Djédjé
avec Vincent Brayer, Koraline De Baere, Catherine Delmar, Claire Deutsch, Cédric Djédjé, Aurélien Patouillard et Joséphine Struba
dramaturgie et collaboration littéraire : Raphaël Heyer
scénographie : Yan Juillerat
son et lumière : Florian Leduc
consultants philosophiques : Vladimir Skrivan et Michel Vanni
collaborateurs historiques : Nicolas Bancel, Patrick Minder et Vincent Barras
production : Cie Post Tenebras Lux
coproduction : Saint-Gervais Genève Le Théâtre, Arsenic, Théâtre 2.21

Le spectacle

« Il est des gestes obscurs par lesquels une culture rejette quelque chose ; ce vide par lequel elle s'isole la désigne tout autant que ses valeurs. »

Il y a encore moins de cent ans, on exposait, entre tigres et lions, dans des enclos ou des cages, des individus provenant des destinations lointaines. Après avoir exhibé des proies animales, preuves de la supériorité de l'homme, les jardins zoologiques ont organisé des monstrations de sauvages qui réaffirmaient la suprématie de l'Europe occidentale sur les populations colonisées.

Comment allons-nous vers l'autre ? De quels remparts avons-nous besoin ? Pourquoi l'autre provoque-t-il le même effroi qu'un tigre ? Et de quels stéréotypes raciaux avons-nous hérité ?

Dans le cadre de la semaine d'action contre le racisme 2013, Cédric Djedje revient sur cette amnésie historique avec la compagnie
Post Tenebras Lux : dites, on rallume la lumière ?

Le projet et le texte

INTRODUCTION
Un après-midi au zoo est un projet théâtral qui veut interroger un pan oublié de la mémoire collective. Entre la seconde moitié du XIXe siècle et la première du XXe, l'Occident est confronté à des révolutions industrielles, scientifiques, politiques et sociales majeures, qui bouleversent en profondeur sa structure et ses représentations. Au cœur de ces bouleversements, les foires et expositions se font le reflet de ces mutations, et notamment des interrogations, fantasmes et angoisses qu'elles suscitent, occupant ainsi un rôle précurseur de média de masse. Partie intégrante, voire point d'orgue de ces manifestations, les exhibitions de populations dites « exotiques » rencontrent un engouement et un succès populaires qui se vérifient partout dans le monde occidental.
Convaincus que ces exhibitions constituent le terreau d'un grand nombre de représentations stéréotypées toujours actives aujourd'hui dans l'imaginaire collectif européen, nous voulons questionner le phénomène à travers les trois thèmes suivants : la construction de l'identité ; le rapport à l'Autre ; la dimension spectaculaire, enfin, qui, en tant que telle, permet la production et la diffusion de ces stéréotypes.

LE PROJET
Entre la seconde moitié du XIXe siècle et la première du XXe, l'Occident est confronté à des révolutions industrielles, scientifiques, politiques et sociales majeures, qui bouleversent sa structure et ses représentations. Au cœur de ces bouleversements, les foires et expositions se font le reflet des mutations, et notamment des interrogations, fantasmes et angoisses qu'elles suscitent. Point d'orgue de ces manifestations, les exhibitions de populations dites « exotiques » rencontrent un engouement et un succès populaires qui se vérifient partout dans le monde occidental.
À l'heure où l'Europe est en proie à une crise identitaire qui libère à nouveau les discours, les sentiments xénophobes et nationaux-populistes, la question ressurgit du rapport à l'Autre, à l'Étranger, à la représentation qui se construit de lui, dans un monde où la puissance de l'image tend à accaparer toute médiation. Il nous apparaît dès lors que dans le phénomène des Zoos humains se trouvent plusieurs clés déterminantes pour appréhender ce que l'on pourrait universellement appeler la « logique du fantasme », où, comme dans une fable, un conte ou un film, la connaissance de la vérité importe moins que la construction du récit lui-même et sa capacité de fascination.
Cie post tenebras lux

LA THÉMATIQUE
« J'ai pris connaissance du phénomène des zoos humains lors d'une déambulation littéraire à la Librairie Libertaire à Paris. Ce qui m'a interpellé dans un premier temps, c'est l'importance du phénomène, et l'amnésie dont il est victime. En effet, son impact sur les masses européennes fut primordial durant la période 1850-1950, alors que ce phénomène est quasiment inconnu du grand public actuel. Outre l'amnésie historique, c'est la question des marqueurs de séparation et de ségrégation comme définition de l'homme qui m'ont décidé à vouloir les approfondir par le théâtre. »
Cédric Djédjé, comédien et concepteur du projet

« Mon implication dans la dramaturgie et l'écriture de plateau pour le projet de « Un après-midi au zoo » répond à un engagement de longue date sur les questions du racisme et de la xénophobie, et plus généralement sur les langages totalitaires. Mon expérience de bibliothécaire dans un fonds documentaire nazi à Colmar m'a notamment
permis d'approcher précisément les ressorts de la pensée raciste, les différences entre les notions de racisme et de xénophobie, ainsi que la persistance des structures de la pensée totalitaire dans le monde occidental contemporain. Me confronter directement aux zoos humains est donc l'opportunité pour moi d'interroger la langue elle-même ».
Raphaël Heyer, dramaturgie et écriture de plateau

LE TEXTE
Pour le texte, la compagnie a choisi de se concentrer sur le catalogue de l'exposition du Quai Branly intitulée Exhibitions, l'invention du sauvage ainsi que sur le livre de Patrick Minder La Suisse Coloniale.

Mais l'essentiel des textes du spectacles sera écrit par les comédiens et Raphael Heyer.

EXTRAIT DU TEXTE
Prochainement !

"Exhibitions : l'invention du sauvage", exposition au foyer du théâtre !

Exhibitions : L'invention du sauvage
Sélection de visuels (reproductions) présentés lors de l'exposition éponyme au Musée Quai Branly, Paris, 2011

Parallèlement aux 3 représentations d' "Un après-midi au zoo", le Petithéâtre présente une exposition consacrée aux foires et exhibitions humaines apparues entre la moitié du XIXe siècle et la première du XXe : "Exhibitions : L'invention du sauvage."

EXHIBITIONS met en lumière l'histoire de femmes, d'hommes et d'enfants, venus d'Afrique, d'Asie, d'Océanie ou d'Amérique, exhibés en Occident à l'occasion de numéros de cirque, de représentations de théâtre, de revues de cabaret, dans des foires, des zoos, des défilés, des villages reconstitués ou dans le cadre des expositions universelles et coloniales.

Ces exhibitions de populations dites "exotiques" rencontrèrent, et rencontrent encore aujourd'hui dans certain pays, un grand succès. Actuellement, les zoos humains sont montrés du doigt et scandalisent. Pourtant, il y a moins de 50 ans, ces zoos ne choquaient personne et confortait l'homme occidental dans sa position d'être supérieur par rapport au reste du monde. L'étranger était perçu comme une bizarrerie, une chose. Est-ce vraiment différent aujourd'hui ?

Le lundi 6 février 2012 lors de la cérémonie des Globes de Cristal à Paris, qui attribue les prix de la presse française pour les arts et la culture, le prix de l'exposition de l'année a été décerné par les journalistes des rubriques culturelles à cette exposition et à ses trois commissaires Nanette Snoep (musée du quai Branly), Lilian Thuram (Fondation LT Éducation contre le racisme) et Pascal Blanchard (CNRS et Groupe de recherche Achac).

A voir au foyer du Petithéâtre de Sion les 21, 22 ET 23 MARS 2013 | jeudi dès 18h, vendredi dès 19h30 et samedi dès 18h, ainsi que du dimanche 24 au jeudi 28 de 14h à 17h.

Un peu d'Histoire...

CONTEXTE HISTORIQUE
Entre lions et tigres, les Zoos humains exposaient, dans des enclos ou des cages, derrière des vitres, des barrières ou des clôtures barbelées, des individus provenant de destinations le plus souvent lointaines ou, pour reprendre le vocabulaire de l'époque, « sauvages ». Ainsi furent exhibés des Sénégalais, Togolais, Touaregs, Lapons, Amérindiens, Kanaks, Aborigènes, Javanais, Hindous... Véritable phénomène de société, les exhibitions avaient lieu dans toutes les moyennes et grandes villes d'Europe (de Londres à Paris en passant par Zurich ou Milan), mais aussi dans les villages. Par les Zoos humains, des millions d'Européens sont pour la première fois confrontés à la présence physique de populations non-occidentales. Mais cette confrontation, par sa mise en scène, institue de facto une hiérarchie entre « nous » et « les autres », entre le « civilisé » et le « sauvage ».
Ces exhibitions qui se développèrent massivement de la mi-XIXe siècle jusqu'au milieu des années 1930, furent indissociables des grandes manifestations à caractère commercial et populaire qui se déroulaient à travers l'Occident, en premier lieu en Europe : expositions universelles (plus de 30 millions de visiteurs à Paris en 1889), coloniales, régionales, grandes foires commerciales, etc., qui furent en quelque sorte l'un des premiers média de masse de l'ère moderne.
Ces exhibitions entièrement mises en scène, notamment par des entrepreneurs privés, ont servi de fondement à la plupart des représentations de l'étranger. Ainsi, férocité, coutumes cannibales, capacités sexuelles démesurées, polygamie, aptitudes physiques supérieures sont par exemple récurrentes dans les exhibitions de populations noires.

Par ailleurs, les monstrations de « sauvages » côtoyaient fréquemment celles de « monstres » proprement dits, freaks en anglais, individus présentés pour leurs originalités morphologiques et leur physiologie particulière (femmes à barbe, siamois, malformations, etc.), véritables bêtes de foire intégrées à des shows plus ou moins élaborés. C'est ainsi toute une économie du « regard de l'autre » qui se construit et s'enracine dans l'imaginaire collectif.
Notons enfin que les exhibitions de « sauvages » déclinent subitement dès l'expansion généralisée du cinéma dans les années 1930.

LE REGARD CONSTRUIT LA DIFFÉRENCE
Le phénomène des zoos humains, de par la concomitance de plusieurs facteurs, a eu selon nous un impact indéniable sur la construction de la perception de l'Autre, sur sa diffusion et l'imprégnation des mentalités européennes. Citons trois facteurs particulièrement influents dans ce processus.
En premier lieu, le rôle de la science fut essentiel, puisqu'en établissant d'une part la notion de hiérarchie des races sur la base des différences biologiques, et d'autre part le principe de la supériorité de l'homme blanc sur le «sauvage», elle a légitimé les représentations colportées par ces « spectacles ».
En second lieu, les zoos humains fournissaient aux États européens un outil de propagande particulièrement efficace afin d'affirmer la supériorité de l'Europe occidentale industrialisée, civilisée et éclairée. Ce travail de fond sur les masses permettait de justifier le bien-fondé d'une politique expansionniste visant à porter la lumière civilisatrice à tous ces « sauvages ».
Enfin, ces spectacles constituaient pour la plupart des spectateurs leurs premières rencontres avec « l'homme noir, jaune ou rouge ». Ces premières rencontres se firent sur fond de constructions identitaires à une époque de grands bouleversements sociétaux (exode rural important, développement sans précédent des villes, fort accroissement démographique, développement de nouveaux moyens de communication, avènement des Etats-Nations...).
On distingue une évolution dans la perception que l'on voulait donner de ces « sauvages » au fur et à mesure des expansions coloniales et de leur accomplissement : de l'individu barbare et inculte qu'il faut coloniser en 1850, on passe à l'indigène qui a « profité » des « lumières » de la colonisation en 1930, et que finalement les gouvernements cessent d'exhiber (à l'inverse des entrepreneurs privés).
Les Zoos humains constituent un phénomène culturel fondamental de l'héritage européen, un phénomène qui permet d'appréhender la manière dont s'est construite la relation à l'Autre dans les pays coloniaux mais aussi à travers l'Europe. Pourtant, malgré son importance, c'est un phénomène qui souffre d'une amnésie historique ; ainsi, de nombreuses représentations stéréotypées de l'Autre subsistent aujourd'hui sans que leurs sources en soient identifiables, tandis que la rareté des études universitaires sur la question est en elle-même significative de ce trou noir de la mémoire collective.

Lilian Thuram parle des zoos humains (interview TV5 - 9')
Les zoos humains, esclavagisme moderne (documentaire Arte - 52')
La compagnie

La Compagnie Post Tenebras Lux envisage le théâtre comme un « espace-frontière » au cœur de la cité, à même de revisiter, sonder, mettre en question la mémoire collective, et ainsi interroger les modalités du vivre-ensemble. Elle porte donc un projet politique, au sens strict du terme : le théâtre donne la parole aux sans-voix de l'Histoire ; il est le lieu où prendre la resposnsabilité de transmettre et faire vivre le verbe. Cette responsabilité étant selon nous collective, la démarche artistique de la Compagnie intègre cette dimension dans le processus de création du spectacle. Le spectacle est donc conçu comme le résultat des lignes de tensions, de convergences et de questionnements, non seulement des acteurs, mais aussi de toute l'équipe artistique. Celle-ci a été formée par Cédric Djedje et Raphaël Heyer.

Cédric DJEDJE
Né en 1981 à Paris. Après des études de psychologie clinique à Paris, il décide de s'orienter vers le théâtre afin d'élargir son champ d'investigation. Il intègre en 2006 l'école du Studio-Théâtre d'Asnières, avant de rejoindre l'année suivante la Manufacture/HETSR à Lausanne. Diplômé en 2010, il travaille au Théâtre
Saint-Gervais de Genève avec Jean-Louis Hourdin, dans Coups de foudre de Michel Deutsch et Frantz Fanon.

Raphaël HEYER
Poète alsacien de langue française né à Strasbourg en 1979. Il reçoit en 2000, pour Vol de Feu, le prix Michel Burg aux premières Rencontres de Molsheim présidées par le philosophe et écrivain Jean- Pierre Faye, qui le convainc de publier, en 2001, dans la collection Poètes des cinq continents de l'Harmattan. Il poursuit depuis une œuvre de poète (Et le Vent sur les eaux, 2005 ; A cheval sur le trépas, 2009) qu'il étend à la
pratique théâtrale (Les Veines du Silence, 2002 ; collaborations littéraires) et vidéographique (« poèmétrages »).

Photos du spectacle
Présentation vidéo

Prochainement !

Bande annonce du spectacle

Prochainement !

Presse, documents et liens

dossier de presse du spectacle (pdf - 2Mo)
"Un zoo sorti de l'oubli", critique de Jorge Gajardo Muñoz dans le Courrier (8.02.13 - version pdf ici)
Le spectacle évoqué dans La Puce à l'Oreille, RTS1, par Lilian Thruam, Rachel Hamel et Ninian van Blyenburgh (7.02.13)

Durée, prix et réservation

Environ 90 minutes.

Plein tarif : 30.-
Tarif réduit : 20.-
Enfants (jusqu'à 10 ans) : 10.-

027 321 23 41
reservation@petitheatre.ch




 
     
   
© 2005 Petithéâtre
© michaël abbet