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Crime et Châtiment d'après F. M. Dostoïevki
par la Compagnie Nonante-Trois

LES 31 JANVIER, 1ER ET 2 FÉVRIER 2013 | jeudi à 19h, vendredi à 20h30, samedi à 19h

Distribution

adaptation et mise en scène : Benjamin Knobil
avec Yvette Théraulaz, Loredana von Allmen, Romain Lagarde, Mathieu Loth et Frank Michaux
assistanat à la mise en scène: Agathe Cantero
dramaturgie : Carine Corajoud
lumière : Laurent Nennig
décor : Jean-Luc Taillefert
costumes : Olivier Falconnier
décor sonore : Jean-Pascal Lamand
régie son et tournée : Julien Mayor
transformation des têtes et accessoires : Viviane Lima (remerciements à François Junod)
production : la Compagnie Nonante-Trois
coproduction : La Grange de Dorigny

Le spectacle

Crime et Châtiment est considéré comme l’archétype des romans policiers modernes. On suit le cheminement psychologique de Raskolnikov, étudiant russe affaibli et sans le sou, tourmenté part un crime odieux ; celui d’une vieille usurière qu’il appelle « un pou », pour, selon lui, faire de la Terre un endroit meilleur. Mais l’affaire ne se passe pas comme prévu et il est contraint d’assassiner aussi la sœur de l’usurière, une innocente jeune femme. Malade et affaibli, entre deux bouffées délirantes, il est pris entre les mailles de plus en plus aiguisées du juge et de Sonia, une jeune fille qui se prostitue pour aider sa famille. Poussé à bout, il décide de confesser son crime et est condamné à être déporté en Sibérie.

Dans cette adaptation resserrée de Crime et Châtiment, chef d’œuvre absolu du roman russe, Dostoïevski nous entraîne dans les dédales tortueux de l'âme humaine. Voici Raskolnikov, tourmenté jusqu’aux franges de la folie par le crime odieux d’une vieille usurière. Sa conscience devient alors un reflet dément et fidèle du cauchemar éveillé de la société.

Qui est le criminel et qui est le fou ? Celui qui se débat à tout prix ou celui qui accepte une condition sociale biaisée et misérable ? Comment survivre sans perdre la raison dans une société sauvage sans Dieu ou sans boussole morale incontestable ? Le sommeil de la raison engendre des monstres...

L'auteur, l'adaptation, les enjeux et un extrait du texte

L'AUTEUR
On ne présente plus Dostoïevski, grand maître de la littérature Russe du XIXe siècle auteur de chefs d'œuvre universels tels que Les Frères Karamazov, Le Joueur ou L'Idiot. Crime et Châtiment, chef-d'œuvre publié en 1866 est une lecture qui secoue, qui remue au profond de nous car à travers ses personnages outranciers Dostoïevski nous parle de nos sociétés violentes, du combat entre la conscience et la folie de nos pulsions ainsi que de nos interrogations métaphysiques.

On retrouve ces thèmes transversaux comme un fil rouge dans le travail d'écriture et de mise en scène de Benjamin Knobil. Et pour cause, car ce roman fut pour lui il y a vingt ans un choc littéraire qui n'a cessé d'irriguer sa sensibilité et sa réflexion. En adaptant pour la scène Crime et Châtiment, c'est l'occasion pour la Compagnie d'effectuer retour aux classiques tout en poursuivant son travail pointu de dramaturgie et d'écriture. Une adaptation théâtrale est clairement une histoire de choix ; Crime et châtiment est un roman fleuve de mille pages. La ligne directrice ici est de resserrer l'action sur les personnages principaux et de dessiner en creux les autres protagonistes.

L'ADAPTATION
« Mon travail d'écriture est la continuation d'une démarche dramaturgique que je mène avec ma compagnie qui vise à traiter au théâtre les thèmes de la sauvagerie sociale, de l'angoisse métaphysique et de l'onirisme. C'est la confrontation entre les désirs des personnages et la réalité qui m'intéresse. Les héros de mon théâtre sont des êtres cabossés ou des inadaptés, ahuris devant l'iniquité de la société. Ils se posent alors question du sens de leur existence face à un monde qui les rejette.
C'est cette inadéquation, ce mélange de tragédie et de burlesque qui provoque la jubilation du spectateur. »
BK

LES ENJEUX
Une société sauvage et amorale
Le portrait que fait Dostoievski de la Russie d'avant la révolution russe de 1917 est très proche du début de notre XXIe siècle : celui d'une société morcelée et éclatée, où les défavorisés et la petite bourgeoisie sont à la merci d'une structure sociale et économique borgne à leur endroit malgré des proclamations sincèrement humanistes.
Quel poids porte l'humanisme devant la sauvagerie sourde de la misère sociale en opposition avec les miroirs aux alouettes de la richesse acquise et instantanée ? Le modèle dominant est celui de la réussite de quelques-uns au détriment de celle de tous. Dès lors, comment s'étonner de voir une jeunesse confuse en quête de sens, perdue dans le reflet déformant d'une société agressive qui contredit son propre discours ?
Comment réagir seul et collectivement lorsque le prix de la vie humaine semble avoir perdu tellement de valeur pour n'être plus assimilée qu'à une simple variable économique ? Comme il y a un siècle, le manque de perspective politique suffisamment forte pour offrir un espoir de vie meilleure conduit à un courant diffus et puissant de chacun pour soi. Dès lors, une expression fascisante basée sur de fausses notions de bon sens et de justes sentiments de révolte peut prendre racine. Raskolnikov assimile l'usurière à « un pou » que l'on peut éliminer, pour le plus grand bien de l'humanité.
A quel moment est-ce que la morale et la conscience peuvent-elles prendre le dessus sur la sauvagerie et l'égoïsme qui dominent ? Raskolnikov prend l'exemple de Napoléon - on dirait aujourd'hui Staline ou Poutine - pour affirmer que les grands conquérants ont réussi à mener à bien leurs projets par une succession de crimes au nom du bien. Le crime de Raskolnikov vient paradoxalement d'un désir de pureté et d'absolu, voire un crime idéologique. Toutefois entre le désir de cette action radicale et le passage à l'acte, il y a un monde que seule la fièvre et ou la folie peuvent expliquer.

La folie comme exutoire
La conscience de Raskolnikov est un reflet torturé et fidèle du cauchemar éveillé qu'est la société dans laquelle il évolue. On peut se demander qui le plus sain entre lui et les autres personnages : celui qui se débat ou celui qui accepte une condition sociale biaisée et misérable.
"Crime et châtiment" nous entraîne dans les dédales tortueux de l'âme humaine. Le tourment auquel il s'expose, l'attente, la folie, la paranoïa sont autant de remèdes à sa folie - véritable prise de conscience de son acte - qui lui prouve que sa vision du surhomme ne peut prospérer. Allégorie de l'humanité déchue et du pouvoir rédempteur de l'amour et de la recherche de la vérité, le roman nous entraîne - à travers les yeux de la pauvreté - sur les chemins tortueux de la folie et de la volonté.
Peut-on expliquer le meurtre de Raskolnikov? Le roman pose à un certain moment la question de la manière la plus brûlante et échoue à la résoudre. Ce sont moins la misère ou la faim qui servent à Dostoïevski pour justifier le meurtre de son personnage, mais seulement peut-être la folie. « Raskolnikov est un névrosé » écrivait Nabokov. La récurrence du thème de la folie est une constante dans « Crime et châtiment ».
Dostoïevski nous entraîne dans les dédales du cerveau humain, le confond dans les raisons qui peuvent ou qui ne peuvent pas faire d'un homme un assassin, et quel est le pas à ne pas franchir. Toutefois, aucune raison n'est véritablement invoquée. Car si même un brillant étudiant peut devenir un meurtrier il semble donc que le pas à franchir soit insignifiant.
Peut-on alors parler d'acte gratuit ? Dostoïevski nous promène au milieu de toutes ces explications possibles et pourtant les détruit toutes au fur et à mesure. Au-delà de tous les discours et de la fièvre du personnage, l'auteur nous fait ressentir quelque chose de plus frustre et plus primaire, presque inavouable : l'envie de tuer sans motivation.

Le sommeil de la raison engendre des monstres
Dostoïevski développe certes d'autres thèmes importants dans ses romans et ceux-ci sont tous aussi caractéristiques du style dostoïevskien mais moins innovateurs, par conséquent plus marginaux. Dans chacun de ses livres, Dostoïevski témoigne de sa compassion envers les opprimés et les victimes de cruelles circonstances. Aussi, parmi ces thèmes on retrouve surtout la question omniprésente de la responsabilité de l'homme envers Dieu, question à laquelle l'auteur ne donne pas de réponse. Les thèmes de la souffrance, de l'expiation des péchés et du bien contre le mal occupent également une place importante dans Crime et Châtiment. Comment survivre sans perdre la raison dans une société sauvage sans Dieu ou sans boussole morale incontestable ? Le sommeil de la raison engendre des monstres...

EXTRAIT DU TEXTE
RASKOLNIKOV – J'ai rôdé en passant bien des fois près de la Neva. J'ai voulu en finir, mais... je ne suis pas parvenu à me décider... j'ai peut-être simplement juste peur de l'eau… Est-ce que c'est un crime de tuer un pou infâme et nuisible, une vieille usurière dont personne n'a besoin, pour le meurtre de laquelle quarante péchés seront pardonnés au meurtrier, une affreuse vieille qui suçait le sang des pauvres ? Je n'y pense même pas et je n'ai pas à effacer ce crime. Et qu'est-ce qu'ils ont tous à me jeter ça à la tête « un crime, un crime ! »
Tout le monde le verse le sang! Le sang coule et a toujours coulé, des torrents de sang. Ceux qui le font couler comme du champagne sont couronnés au Capitole et à la bourse et sont nommés bienfaiteurs de l'humanité. Combien de morts sur les champs de bataille? Combien de maladies, de vies asséchées, affamées, détruites au nom du progrès général? La Neva pue, l'air pue, la nourriture pue! Combien de morts au nom de la défense des dividendes? Combien de morts et pour quels châtiments? Pour quels châtiments? Jamais, jamais je n'en ai eu la conscience aussi claire que maintenant et moins que jamais je ne comprends pourquoi mon acte est un crime ! On me dit qu'il faut passer cette épreuve ! À quoi bon, à quoi bon, cette épreuve absurde ! À quoi bon ? Qu'est ce que je vais mieux comprendre quand je serai écrasé par la douleur, quand je serai sénile et gâteux après vingt ans de bagne – à quoi est-ce que tout ça va me servir ? Pourquoi est-ce que j'accepte à maintenant de continuer à vivre ? Je savais que j'étais un lâche ce matin à l'aube devant la Neva ! Ce maintenant que je vois toute l'étendue de ma faiblesse, maintenant que je suis décidé à accepter cette honte inutile !... C'est ma lâcheté et mon incapacité qui me poussent à me décider, ou peut-être pour l'avantage que je vais en tirer comme le disait ce... Porfiri !

La compagnie

La Compagnie nonante-trois, basée à Lausanne, a reçu du Canton de Vaud, en mars 2009, un financement assuré pendant trois ans. L'opportunité que lui a offert cette subvention pour l'aide à la création ont fait de 2009, 2010 et 2011 des années importantes pour poursuivre une démarche artistique, mettre en évidence son positionnement identitaire qui et à renforcer la pérennité de la Compagnie.

Benjamin Knobil a saisi la chance du prix SSA pour l'écriture de "Boulettes" ainsi que celle de sa mise en scène de "L'enfant et les Sortilèges" à l'Opéra de Lausanne pour étendre son réseau, créer des ouvertures, rechercher des synergies, mettre en avant sa trajectoire et la particularité de son profil en vue d'établir une démarche de création et de diffusion à long terme.

La Compagnie a pu étendre sa visibilité et faire tourner son répertoire de pièces aux structures légères, prêtes à être reprises très rapidement. Reprise du Grand Théâtre pour 13 représentations en 2010. Reprise du « Plat de résistance » pour 10 représentations en mars 2012 à Nyon et à Sète en France.

La production de « Boulettes » en 2010 (accueilli au Petithéâtre de Sion) a été un grand succès public et critique. Une deuxième tournée a lieu en 2012-2013 en romandie à Neuchâtel, Yverdon et Porrentruy
« Boulettes » a été traduite en anglais, allemand et russe, et une lecture publique de toutes ces traductions à eu lien en septembre 2010. La traduction allemande, « Im Bann der Buletten » a été montée et jouée en septembre 2011 au Théâtre du Pommier à Neuchâtel. Il y a eu 3 représentations germaniques en avril 2012 à Olten et une tournée allemande aura lieu en 2013 à Hausen Am Albis et Biel
Une lecture quadrilingue mise en espace par Cyril Tissot a eu lieu en mars 2012 organisée par la SSA.
Un moyen métrage est en préparation à Los Angeles réalisé par Benjamin Knobil et Rick Serena produit par l'agence Sovereign group. Nous sommes en pourparlers avec l'Upstream theatre de St Louis au USA pour une recréation aux USA.
Les prestigieux Gate Theatre et 503 Theatre de Londres ont pris contact pour une éventuelle production en 2014.

Outre « Crime et Châtiment », le théâtre 2.21 (Lausanne) a programmé pour juin 2013 une structure légère vouée à tourner de manière multiforme : L'enquête d'Hérodote. Ce projet a déjà fait l'objet de trois stages de préparation avec de jeunes comédiens. Un quatrième aura lieu en mars 2013.

 

Photos du spectacle
L'affiche

 

Présentation vidéo

Bande annonce du spectacle

Prochainement !

Durée, prix et réservation

Environ 105 minutes avec entracte.

Plein tarif : 30.-
Tarif réduit : 20.-
Enfants (jusqu'à 10 ans) : 10.-

027 321 23 41
reservation@petitheatre.ch




 
     
   
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