DIVISION FAMILIALE, revue de presse
LE SPECTACLE
Critique, Anne-Sylvie Sprenger, 24 heures
On n’ira pas par quatre chemins: Division familiale est un des plus beaux chocs théâtraux de ces dernières années. Sur scène, le minimum. Une table, quelques chaises, un grand carré dessiné au sol par des néons. Espace ritualisé, ring ouvert où se déchirent les membres d’une famille endeuillée. Le père est mort. Suicide, apprendra-t-on. «Il faut parler, parler», scande la mère bientôt gagnée par la folie. «Il faut sortir tout ça.» Dans un tourbillon déchaîné, la pièce fait valser ses éclats de noirceur: une souris écrasée, un shoot dans une veine, des oiseaux qui s’arrêtent de chanter… Bientôt la parole se déglingue à son tour. Elle devient rire ou hurlement, comme une oraison déchiquetée, où ne submergent que des bribes de phrases, paroles répétitives, dans un jeu de superpositions vertigineux. Division familiale sait aussi se faire tendre et pudique, comme un moment de silence hésitant. A la limite de la transgression, sublimée par une poésie très efficace, cette pièce doit aussi sa force à ses cinq comédiens. Irma Riser-Zogaï, Marika Dreistadt, Frank Arnaudon, René-Claude Emery et Frank Michaux se révèlent aussi troublants que percutants.
La folie pour survie. Critique, Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 11 avril 2009
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Un plateau obscur fendu d’une entaille lumineuse. Dans ce rai de lumière, un corps brisé qui sanglote, suffoque. La première image de Division familiale dit beaucoup de ce qui va se jouer dans le clan dévasté. Derrière la porte libérant cette diagonale infernale, un père s’est suicidé. Et la blessure ne cessera de saigner, déversant son torrent de dérèglements. Toxicomanie, schizophrénie, logorrhée psychotique, Julien Mages dresse la liste des troubles provoqués par un tel événement. Avec un style où l’embouteillage du langage et les répétitions saccadées racontent le définitif sentiment d’étrangeté pour les proches blessés. Accablant? Non car, face au jeune auteur et metteur en scène romand, les comédiens, jeunes eux aussi, restent autonomes, vivants.
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Tout le théâtre naissant de Julien Mages réside dans l’idée de lésion. De division intérieure qui a donné son nom aux trois pièces écrites depuis 2006. L’auteur, 31 ans, est diplômé de la Haute Ecole de théâtre de Suisse romande, mais a laissé le jeu de côté pour l’exploration des névroses familiales. Avec succès.
l'article complet : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/d8f58ffa-260f-11de-8dd3-8fa7c6e611b8/La_folie_pour_survie
L'implacable équation des générations perdues, Jonas Pulver, Le Courrier, 26 avril 2009
(...) les acteurs, tous à fleur de verbe, irisent suffisamment le texte pour soutenir ses basculements vers l'absurde, le surréaliste, la folie (...)
l'article complet (retranscrit sur le blog de René-Claude Emery) : http://www.blogg.org/blog-59574-billet-division_familiale___critique_du_le_courrier-1016151.html
L'AUTEUR
Les éclats poétiques de Julien Mages, Michel Caspary, 24 heures, 9 avril 2009
© odile meylan
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Il sort diplômé [de la Manufacture] en 2007. Avec aussi un premier spectacle, Cadre division, créé à l’école puis repris à l’Arsenic, avec sa propre compagnie. «Mais je ne joue pas dans les pièces que j’écris.» Deux autres vont suivre. Division familiale, créée au Moulin-Neuf, à Aigle, et Division III, jouée au Poche, à Genève. La trilogie est née. Un peu par hasard et beaucoup par envie d’explorer les choses à fond. Parmi les thèmes, ceux de la psychiatrie, de la folie, de l’enfermement, de la rupture. Tout ce qui divise, sépare: le rêve et la réalité, le Bien et le Mal, mais aussi le fait de se sentir soi-même bien ou mal.
La musique des mots selon Julien Mages n’est pas harmonieuse. Elle fait s’entrechoquer les sens, les sons, et ne craint ni les silences ni les explosions. «C’est la vie même qui procède par éclats», note Julien Mages, admirateur d’auteurs comme le Norvégien Jon Fosse, l’Anglaise Sarah Kane et le Russe Fedor Dostoïevski.
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l'article complet : http://www.24heures.ch/actu/culture/eclats-poetiques-julien-mages-2009-04-08